Frasiak en concert
- par Claude ADAM
Pour fêter l’anniversaire des 25 ans des Baladins, Serge Joseph, président-fondateur, a fait un grand et beau cadeau au public venu nombreux en invitant Eric Frasiak pour clore ce festival de 3 jours.
Bien sûr, ce n’était pas la première fois que ce fidèle des Baladins se produisait à Ludres puisqu’il était déjà parmi nous en 2011 pour les 15 ans et en 2016 pour les 20 ans de l’association. Logiquement, il serait prudent d’ores et déjà de prendre date pour les 30 ans en 2027 ! Mais voilà, la différence avec les 2 première fois où il était accompagné par son fidèle et talentueux guitariste Jean-Pierre Fara, c’est que là il était en groupe et autant vous le dire tout de suite c’est un concert qui déménage… C’est énorme… C’est percutant… C’est de la bombe… EXCEPTIONNEL!
Son éternel chapeau vissé sur la tête Eric fait son entrée accompagné par ses excellents musiciens, Jean-Pierre Fara à la guitare électrique, Benoit Dangien au piano et claviers, Philippe Gonnand à la basse, clarinette et harmonica et Raphaël Schuler à la batterie et percussions… Et puis, ça démarre…
« Pas d’légion d’honneur au col accrochée
Pas eu les faveurs du rouge canapé
Le vieux monde qui pleure, ça fait pas rêver
Pas d’pote directeur d’une radio branchée
Pas d’venu chanteur de soupe en anglais
Pas assez vendeur pour l’audience télé
J’f’rai jamais mon beurre, cette fois c’est râpé
Pourtant vous êtes là, de l’amour dans l’coeur
C’est comme un cadeau, du bonheur
Bienv’nue dans mes chansons vivantes
Mes aujourd’huis qui chantent ».
« Les aujourd’huis qui chantent », dans la tournée « Charleville », introduit chaque concert et donne immédiatement la couleur et le ton au spectacle qui débute. Car Frasiak en groupe c’est du gros son. C’est du pur rock. Ça groove, ça jazze, ça swingue, ça blues…
La chanson parangon qui illustre cela est sans nul doute un tout nouveau titre taillé pour la scène « Y’a trop de mots dans mes chansons » dans laquelle il y a beaucoup de mots, soit, mais aussi beaucoup de notes qui explosent dans un rythme effréné… (voir le clip ci-dessous pour comprendre….)
Au programme, bien entendu ses deux villes de cœur sont aussi présentes, celle de son adolescence « Charleville » emplie de nostalgie positive et celle qui « n’est pas New-York USA de Gainsbourg, ni la ville rose de Nougaro, Toulouse, c’est pas Paris au mois de mai d’Aznavour mais c’est sa chanson Bar-Le-Duc city blues ».
A travers le réjouissant « Chat » (Chat c’est qui Chat ? C’est mon matou qui vit chez moi, Chat, même si parfois, nom d’un miaou j’vis chez mon chat, et j’adore chat) et « un faisan sur ma fenêtre » aventure pittoresque entre lui et l’animal, on voit qu’Eric Frasiak adore les animaux et déteste la chasse. « Galgos » nouvelle chanson poignante sur le terrible sort de ces chiens espagnols suppliciés et martyrisés le prouve encore d’autant plus. Titre qu’il n’a pas chanté ce soir et que je vous invite à aller découvrir sur son site frasiak.com. Attention images insoutenables et bouleversantes. Ames sensibles s’abstenir.
Quoiqu’un léger doute peut s’installer sur l’amour des animaux, lorsque dans le texte introductif de « Espèce de cons » il avoue (même s’il essaie de mettre ça sur le dos de son fils… Tiens, il n’a pas chanté « T’étais pas né ») acheter et aimer le Nutella, bourré d’huile de palme qui est responsable de la déforestation tropicale réduisant ainsi l’habitat des primates et des grands singes qui sont ainsi menacés d’extinction. « A chaque fois qu’on achète un pot de Nutella… à l’autre bout de la planète un bébé oran-outang meurt ! » Ben alors, Eric, faut immédiatement arrêter d’en acheter !
Il ne pouvait pas passer sous silence les 2 dernières années de Covid, illustrées par deux titres inédits « Non-essentiels » et « Couvre-feu » écrits pendant les confinements. Il manquait juste « l’ennemi invisible » titre que j’adore… mais je sais, on ne pas tout mettre dans un concert ! Pandémie dans laquelle il précise n’avoir aucune responsabilité malgré son titre « Rhinovirus » écrit 2 ans avant l’épidémie. L’humour d’Eric Frasiak transpire dans cette chanson ainsi que dans « Un gros con » (chanson marrante mais pas que, puisque le thème en est la beaufitude, le racisme, et la connerie) ou encore dans « un Z à mon nom » dans laquelle EriK FraZiak dénonce l’insupportable Z souvent flanqué à son nom pourtant si simple à écrire. « Ce n’est pas parce que c’est polonais qu’il faut compliquer ! » Humour et anecdotes sont distillés entre chaque chanson et rendent encore plus savoureux le concert.
Et puis il y a bien évidemment des moments tendres où il chante accompagné au piano par Benoit Dangien « Le jardin de papa » très jolie chanson dédicace à la vie ordinaire de son père venu de Pologne qui résonne dans le cœur de chacun d’entre nous. S’accompagnant seul à la guitare, il rend un hommage vibrant à son maitre à chanter « François Béranger » sans lequel il ne serait jamais monté sur scène. Deux chansons extrêmement émouvantes qui vous font poindre la larme à l’œil.
Et pour ceux qui ne connaissent pas Béranger, il enchaine avec « son tube » sorti en 1969 « Tranche de vie ».
« J'en suis encore à m'demander
Après tant et tant d'années
A quoi ça sert de vivre et tout
A quoi ça sert en bref d'être né ».
C’est pas fini… « M. Boulot » satire sociale qui fait écho dans notre belle région de Lorraine et « T’as c’qu’il faut » hymne aux femmes (à sa femme ?) complètent le tableau avant de terminer sur un titre culte « La poésie » dans lequel il en profite pour nous présenter une nouvelle fois son équipe de musiciens qui nous gratifient tous d’un petit solo instrumental. Jouissif.
« Mais j’aurai beau te l’expliquer
Te parler de paix, de respect
Le mot fait peur dès qu’il est dit
Sans haine, sans violence et sans armes
Ni Dieu, ni maître dans ses larmes
Rien d’autre qu’un hymne à la vie
Comme les 3 mots sur tes mairies »,
« Mon Anarchie » est le titre qu’il a choisi en rappel avant de conclure cet « énorme » concert par une très jolie chanson inédite « Au bercail ».
A travers son œuvre (10 CD et le 11ème est prévu fin 2022), on connait Eric Frasiak pour être un immense parolier, engagé, tendre et humaniste, un compositeur et un mélodiste hors pair mais ce que certains ignorent c’est qu’il était aussi une véritable « bête » de scène. Ce soir, on a vu les fans ressortir ravis et ceux qui le découvraient pour la toute 1ère fois repartir conquis. Plus de deux heures de pur bonheur ! Le public nombreux ne s’y est pas trompé en applaudissant à tout rompre la prestation de haute volée d’Eric Frasiak et de ses musiciens. Tous sommes rentrés au bercail heureux avec la banane. Et en ces temps troubles ça fait un bien fou et c’est plus que précieux.
Alors, laissez-vous porter par son univers… Un concert de Frasiak « C’est de l’amour dans l’cœur, c’est comme un cadeau du bonheur, bienvenue dans ses chansons vivantes, dans ses chansons militantes, dans ses chansons résistantes, dans ses chansons poilantes… ses aujourd’huis qui chantent ».
Qu’on se le dise, Frasiak est un grand, Frasiak est un immense artiste, Frasiak, c’est certain, est aujourd’hui le digne héritier de « ses presque frangins » François et Léo.
Alors, un conseil, dès que possible foncez l’applaudir sur scène en duo, trio ou groupe, c’est toujours étonnant et toujours excellent, c’est la certitude et la garantie de passer un superbe moment…
Durant les 25 années des Baladins il nous a été donné de découvrir d’immenses artistes avec des performances étonnantes mais je crois que ce soir un sommet a été franchi.
Bravo l’artiste et merci pour tant de talent et de générosité.
PS : Tiens, il n’a pas chanté « C’est beau Noël » et pourtant on en avait jamais été aussi proche (sic) !
Y’a trop de mots dans mes chansons (clip)
https://youtu.be/UGysyU-REFQ
Extrait du concert de Commercy – 2017
Espèce de cons et Colonie 6
https://youtu.be/Xc-m1YIDhHQ
Revoir cette chronique en son et en images : Frasiak pour les 25 ans des Baladins